Attentat de Christchurch. Les propos d’Erdogan « irréfléchis » et « ignobles » pour le Premier ministre Australien.
Le chef du gouvernement australien a répondu aux propos du président turc Recep Tayyip Erdogan qui avait fait lundi une comparaison entre l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande et la bataille de Gallipoli, pendant la Première Guerre mondiale. Explications.
Le Premier ministre australien Scott Morrison a jugé mercredi « irréfléchis », « ignobles » et « offensants » des propos tenus par le président turc Recep Tayyip Erdogan après l’attentat d’un extrémiste australien dans des mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
M. Morrison a exigé le retrait des propos de M. Erdogan et a averti que « toutes les options sont sur la table » en ce qui concerne les relations entre l’Australie et la Turquie.
« Il y a un siècle, vos aïeuls sont repartis à pied ou dans des cercueils »
M. Erdogan avait déclaré lundi que l’attentat de Christchurch s’inscrivait dans le cadre d’une attaque contre l’islam et la Turquie. « Ce n’est pas un acte isolé, c’est quelque chose d’organisé », avait affirmé M. Erdogan lors d’un discours de campagne prononcé dans l’ouest de la Turquie deux semaines avant des élections locales. « Ils sont en train de nous tester avec le message qu’ils nous envoient depuis la Nouvelle-Zélande, à 16 500 kilomètres d’ici ».
Le président turc avait en particulier lancé que les Australiens qui seraient hostiles à l’islam subiraient le même sort que les soldats australiens tués par les forces ottomanes lors de la bataille de Gallipoli, pendant la Première Guerre mondiale.
Dans une référence à la présence pendant ce conflit de contingents australiens et néo-zélandais engagés contre les forces ottomanes, il avait lancé : « Il y a un siècle, vos aïeuls sont repartis à pied ou dans des cercueils. Si votre intention est la même que la leur, nous vous attendons ».
La bataille de Gallipoli, également appelée bataille des Dardanelles, a opposé pendant neuf mois en 1915 et 1916 les forces de l’Empire ottoman à celles de la Grande-Bretagne, de la France et de leurs alliés. Elle a fait des dizaines de milliers de morts dans les deux camps et s’est terminée par une victoire des Ottomans.
« Toutes les options sont sur la table »
« Des propos ont été tenus par le président turc Erdogan que je considère extrêmement offensants pour les Australiens et extrêmement irréfléchis dans l’environnement très sensible dans lequel nous sommes », a dit M. Morrison.
Le Premier ministre a notamment qualifié d'« ignobles » des commentaires faits par le président turc sur les réactions de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande après l’attentat de Christchurch, où un suprémaciste blanc australien a tué 50 fidèles dans deux mosquées.
M. Morrison a fait sa déclaration après avoir convoqué l’ambassadeur de Turquie et avoir rejeté les « excuses » qui avaient été présentées. « J’attends, et j’ai demandé, que ces propos soient clarifiés, soient retirés », a déclaré le chef du gouvernement australien.
« J’attendrai de voir ce que sera la réaction du gouvernement turc avant de décider d’autres mesures, mais je peux vous dire que toutes les options sont sur la table », a insisté M. Morrison.
La Nouvelle-Zélande également en colère
Il a appelé les Australiens qui se rendraient en Turquie à la prudence et a précisé que les autorités australiennes étaient en train de réexaminer leurs conseils aux voyageurs dans ce pays.
Les déclarations de M. Erdogan ont également suscité la colère de la Nouvelle-Zélande. Dès lundi, le vice-Premier ministre néo-zélandais Winston Peters a protesté contre l’utilisation politique par le président turc du massacre de Christchurch.
Cette utilisation est « totalement injuste » et « menace l’avenir et la sécurité du peuple néo-zélandais et de nos citoyens à l’étranger », a-t-il déclaré.
M. Peters a annoncé mardi qu’il se rendrait en Turquie cette semaine à la demande d’Ankara pour assister à une réunion spéciale de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).